Stage Grandes Voies : Orpierre

Réveil très matinal ce samedi matin… Pourquoi ? Pourquoi s’infliger cela un samedi ? Eh bien, aujourd’hui, c’est pour une bonne raison : une sortie avec les 5 Mousquetons. Mais attention, pas n’importe laquelle … celle que les grimpeurs attendent depuis le début de l’année, celle pour laquelle ils s’entraînent avec une motivation sans faille depuis plusieurs mois maintenant, celle qui en fait vibrer plus d’un … La sortie escalade en Grandes Voies ! Pour les non connaisseurs, cela consiste simplement à enchaîner plusieurs voies d’affilée en falaise, à l’inverse de la « couenne » (terme extrêmement technique d’escalade…), lors de laquelle le grimpeur redescend immédiatement après sa voie.

Après quelques heures de voiture (merci à Gilles pour les croissants), nous nous retrouvons tous sur la place principale d’Orpierre, site de grimpe renommé du parc naturel régional des Baronnies provençales et bien connu des grimpeurs de la région. Après un rapide pique-nique très convivial, le groupe se sépare en deux : Justin, notre moniteur pour ces quatre jours, emmène un premier groupe en grandes voies, tandis que les autres partent reprendre leurs marques sur de la couenne. 

Grimper en falaise est très différent de la salle : il faut lire la voie, s’affranchir des repères habituels et anticiper la pose des dégaines. Pour ma part, j’ai appris ce matin que les mots « Grandes voies » impliquaient forcément « Grimper en tête », j’essaie donc de me faire doucement à l’idée avec Cécile en commençant tranquillement par du 5a/ 5b, tandis que d’autres s’attaquent directement à du 6a / 6b (motivés les gens…). 

Grands aventuriers que nous sommes, nous campons en face du Quiquillon, notre objectif : c’est une grande falaise calcaire qui culmine à 1080 mètres, en haut de laquelle il est possible d’admirer toute la vallée du Buëch. Nous sommes bien installés : un barnum assez grand pour que nous puissions tous y rentrer, de quoi faire un banquet et presque assez de chaises pour tout le monde. Ce soir, c’est pâtes carbos !

Le lendemain, petit déjeuner groupé autour d’un café, tout le monde se regarde, curieux :

  •  « Et toi t’as bien dormi ? »
  • « Nan, et toi ? »
  • « Moi non plus, j’ai eu super froid ! »

Camper en plein mois d’avril, ce n’est donc pas sans risque : cette nuit, les températures sont descendues en dessous de zéro, et à moins d’être un vieux de la veille et d’avoir son camion aménagé, très peu d’entre nous ont dormi. Mais cela n’affecte en aucun cas notre bonne humeur, et c’est la boule au ventre (ça n’engage que moi haha !) que le second groupe part s’attaquer au Quiquillon. Première grande voie pour quelques-uns d’entre nous, énième sortie pour d’autres, il n’en reste pas moins impressionnant ! Nous sommes trois binômes à grimper, accompagnés de Justin, qui prend le temps de nous expliquer toutes les manipulations que nous aurons à effectuer tout au long de la voie : comment assurer son partenaire, comment se sécuriser une fois arriver à un relais, comment se vacher ou se faire une vache si nécessaire, etc. Une fois tout ça acquis, Cécile et Alex, plus expérimentés, s’élancent sur une voie max 6a+, tandis que Clément et moi suivrons Justin et un premier binôme sur une voie enchaînant six longueurs de niveau max 5c.

Au fur et à mesure de l’ascension, la vue sur la vallée s’élargit, proportionnellement à la sensation de vide. La paroi est verticale et offre de nombreuses prises : si grimper en tête n’est déjà pas évident en salle, en grandes voies, c’est un vrai challenge, mais il faut savoir garder la tête froide et faire confiance à ses chaussons (et à Justin). C’est grisant d’être au milieu de la falaise, simplement retenu par une corde à une telle altitude …

Trois heures plus tard (plus quelques barres de céréales) nous atteignons la crête du Quiquillon : le vent est violent, mais la vue est magnifique, et elle l’est d’autant plus après l’effort que nous venons de fournir pour pouvoir l’admirer ! 

Et la journée n’est pas terminée, il faut maintenant regagner la vallée en rappel, rappel dont le départ se situe à l’extrémité de la crête. Ce n’est pas évident se s’assoir dans son baudrier dos au vide, d’autant plus que le vent souffle et que soleil décline peu à peu. Nous franchirons trois rappels successifs, à flan de falaise. Nous rejoignons l’autre groupe en début de soirée, qui a profité toute la journée du soleil en grimpant au site du Château.

Le lendemain, après une deuxième nuit dans le froid, notre groupe repart en grandes voies, sur des niveaux plus accessibles que la veille (niveau max 5b), mais cette fois-ci sur des voies en dalles, ce qui rend l’ascension plus impressionnante. Le premier groupe, quant à lui, part également en grandes voies sur des niveaux nettement plus engageant (6a+, et plus si affinités), avec comme à chaque fois, une descente en rappel à la clé (et par les arbres pour certains…).

Pour les plus courageux, dernier jour de grimpe prévu le lendemain, malgré la pluie : Justin connait bien la région, et emmène le groupe sur un site en dévers dont les niveaux commencent au 6a. Une bonne session protégée de la mauvaise météo !

Retour sur Lyon avec des images pleins les yeux et des courbatures pleins les bras ! Merci les 5 Mousquetons, on reviendra, c’était génial !

Marie